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Dorsalgie : explication et traitement

// RÉÉDUCATION

La douleur de la colonne vertébrale est une affection bien connue, associée à des conséquences qui peuvent être importantes.

Mise en ligne le 26 Nov 2024
Mise à jour le 15 Jan 2025
Thoraciques Dos
Clément

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Article rédigé par Clément BOUDOT - Kinésithérapeute du sport

Introduction

La douleur de la colonne vertébrale est une affection bien connue, associée à des conséquences qui peuvent être importantes. Les régions rachidiennes les plus couramment étudiées sont la colonne lombaire et la colonne cervicale, probablement de par leur incidence élevée.

Par rapport à la colonne lombaire et cervicale, la colonne thoracique a reçu moins d'attention en termes de recherche clinique, génétique et épidémiologique. Pourtant, la douleur ressentie au niveau de la colonne thoracique peut être tout aussi invalidante. Nous désignons par dorsalgie non spécifique la douleur ressentie dans la région de la colonne thoracique, entre les limites T1-T12 et à travers la face postérieure du tronc. La dorsalgie non spécifique peut provenir d'un certain nombre de sources, notamment des structures rachidiennes thoraciques et cervicales, du thorax et des systèmes gastro-intestinaux, cardiopulmonaires et rénaux. En outre, le rachis thoracique est un site commun pour les conditions inflammatoires, dégénératives, métaboliques, infectieuses et néoplasiques qui peuvent également contribuer à la douleur et à l'invalidité, d’où l’importance d’un bon screening lors du bilan.

Anatomie

Le rachis thoracique est composé de 12 vertèbres thoraciques articulées les unes avec les autres. Ce segment de la colonne vertébrale est plutôt destiné à la stabilité là où le rachis cervical et lombaire est destiné à la mobilité. En effet, les vertèbres thoraciques servent d’origine pour les côtes qui s’articulent avec les facettes des processus transverses. La tête costale quant à elle s’articule avec les demi-facettes des vertèbres supérieure et inférieure et le disque intervertébral.

La colonne vertébrale est maintenue par des muscles de part et d’autre du rachis. Les muscles superficiels sont composés des muscles iliocostaux, logissiumus, les muscles spinaux thoraciques, le multifide, le semi-épineux thoracique et le muscle rotateur thoracique.

Étiologie

Aucune cause particulière n’est identifiée dans la littérature pour l’étiologie de la dorsalgie non spécifique. Elle peut, comme la lombalgie (Lombalgie commune : explication et traitement), être due à un manque d’activité physique et donc une sédentarité chronique ou à une surcharge d’entrainement dans le cadre de patient sportif. Cependant, c’est là où le diagnostic différentiel est très important afin d’éliminer les « Red Flag » (drapeaux rouges) car la dorsalgie peut être causée par d’autres pathologies graves comme une tumeur, des troubles gastriques, etc.

Épidémiologie

Contrairement à la cervicalgie et à la lombalgie, l’impact de la dorsalgie n'a pas été bien établi. Dans une cohorte d'enfants et d'adolescents danois, la dorsalgie était le site de douleur vertébrale le plus fréquemment signalé et 38% de la cohorte ont signalé un certain type d'impact de la douleur vertébrale, tel que la réduction de l'activité physique. De même, dans une cohorte d'adultes déclarant une dorsalgie, 23,5 % ont signalé des difficultés dans les activités de la vie quotidienne en raison de la douleur (contre 30,3 % et 41,1 % pour la cervicalgie et la lombalgie respectivement), tandis que la médiane du nombre de jours où la douleur a été ressentie pendant les activités de la vie quotidienne était de 13,5 pour la dorsalgie, de 7,0 pour la cervicalgie et de 10,0 pour la lombalgie. De plus, la dorsalgie a été identifiée comme un prédicteur significatif de l'échec du retour au travail en bonne santé chez les personnes qui présentent des douleurs dorsales en soins primaires.

Diagnostic et évaluation

Peu d'attention a été accordée à la dorsalgie chez les personnes qui n'ont pas d'antécédents de troubles métaboliques, inflammatoires ou structurels, bien que les dorsalgies mécaniques et non spécifiques soient une présentation courante dans la pratique clinique.

Le diagnostic de cette pathologie est essentiellement clinique et relève plutôt du diagnostic d’exclusion. Le patient va présenter des douleurs d’allure mécanique avec une sensation de blocage sur certains mouvements. Il est très important comme cité précédemment d’éliminer les potentiels « Red Flag », qui sont nombreux, pouvant donner des douleurs dorsales. En effet, les patients présentant une douleur thoracique sont plus susceptibles d’avoir une pathologie sous-jacente grave que ceux ayant une cervicalgie ou une lombalgie. Les structures viscérales ou cardiopulmonaires lorsqu’elles sont lésées peuvent donner des douleurs thoraciques, mais généralement accompagnées d’autres symptômes.

Le patient qui présente une dorsalgie non spécifique ne doit pas avoir de douleur à allure inflammatoire ni de perte de poids inexpliqué, une perte d’appétit, une chute sur la région dorsale.
Une IRM ou une radio peut dans certains cas selon le médecin être prescrite afin d’éliminer les « Red Flag ». 

Facteurs de risques

Une prévalence plus élevée de lombalgies, de douleurs thoraciques et de cervicalgies était associée aux femmes, à un indice de masse corporelle plus élevé, à une prévalence plus élevée d'antécédents de maladies cardiovasculaires, de chutes, de perte de connaissance, d'ostéo-arthrite, d'anémie et de troubles thyroïdiens, ainsi qu'à un score d'anxiété plus élevé.

Traitement et prévention

Le traitement de la dorsalgie non spécifique varie grandement en fonction du bilan initiale. Les déficits de mobilité devront être traités s’ils sont mis en évidence lors du bilan. Ces déficits de mobilité doivent être aussi bien traités en manuel par le praticien qu’avec des exercices en actif. Au vu de l’attache des cotes sur les vertèbres thoraciques, ces dernières sont donc un lien étroit avec la respiration. Les exercices de mobilité pourront donc être réalisés en coordination avec la respiration afin d’augmenter la sensation d’étirement et de chercher les derniers degrés de mobilité.

La revue systématique de Southerst et coll. met en évidence le manque de littérature sur ce sujet à ce jour. Cependant, les manipulations et l’acuponcture ne semblent pas efficaces dans le cadre des dorsalgies non spécifiques.

Comme cité précédemment le rachis thoracique est le siège de la stabilité de la colonne dû notamment à sa relation avec les côtes. Il sera donc très important de réaliser un programme de renforcement musculaire du dos.

 

Pour le patient ayant une dorsalgie sans explication particulière retrouvée à l’examen clinique et présentant une sédentarité importante, une éducation devra être réalisée. En effet pour ces patients là une éducation avec des consignes sur l’hygiène de vie afin de lutter et contrer la sédentarité devra être mise en place. Des consignes comme mettre une alarme toutes les 30 min afin de se lever et bouger ou réaliser des exercices de mobilité vue lors des séances.

Diagnostics différentiels

Afin de poser le diagnostic d’une dorsalgie non spécifique, il faut éliminer d’autres diagnostics comme :

  • Scoliose,

  • Fracture vertébrale,

  • Ostéosarcome,

  • Trouble cardiaque,

  • Dysfonction rénale,

  • Modic,

  • Maladie de Scheurmann,

Tout le contenu de cet article est présenté à titre informatif. Il ne remplace en aucun cas l’avis ou la visite d’un professionnel de santé.

 

À lire également :

Sources :

Bikbov, M. M., Kazakbaeva, G. M., Zainullin, R. M., Salavatova, V. F., Gilmanshin, T. R., Arslangareeva, I. I., Nikitin, N. A., Mukhamadieva, S. R., Yakupova, D. F., Panda-Jonas, S., Khikmatullin, R. I., Aminev, S. K., Nuriev, I. F., Zaynetdinov, A. F., Uzianbaeva, Y. V., & Jonas, J. B. (2020). Prevalence of and factors associated with low Back pain, thoracic spine pain and neck pain in Bashkortostan, Russia: the Ural Eye and Medical Study. BMC musculoskeletal disorders21(1), 64. Article sous Creative Commons Attribution 4.0 International License

Briggs, A. M., Smith, A. J., Straker, L. M., & Bragge, P. (2009). Thoracic spine pain in the general population: prevalence, incidence and associated factors in children, adolescents and adults. A systematic review. BMC musculoskeletal disorders10, 77. Article sous Creative Commons Attribution License.

Southerst, D., Marchand, A. A., Côté, P., Shearer, H. M., Wong, J. J., Varatharajan, S., Randhawa, K., Sutton, D., Yu, H., Gross, D. P., Jacobs, C., Goldgrub, R., Stupar, M., Mior, S., Carroll, L. J., & Taylor-Vaisey, A. (2015). The effectiveness of noninvasive interventions for musculoskeletal thoracic spine and chest wall pain: a systematic review by the Ontario Protocol for Traffic Injury Management (OPTIMa) collaboration. Journal of manipulative and physiological therapeutics38(7), 521–531. Article sous Creative Commons Attribution – NonCommercial – NoDerivs (CC BY-NC-ND 4.0).

Vanti, C., Ferrari, S., Morsillo, F., Tosarelli, D., & Pillastrini, P. (2008). Manual therapy for non-specific thoracic pain in adults : Review of the literature. Journal Of Back And Musculoskeletal Rehabilitation, 21(3), 143‑152.

BOUDOT Clément (Rédacteur NeuroXtrain)

Kinésithérapeute passionné de sport, ayant pratiqué pendant plusieurs années du foot au FC Saint-Orens, puis du rugby au Rugby Club Quint Fonsegrives, pratiquant maintenant la course à pied et plus particulièrement le trail running.

Diplômé du D.U de kinésithérapie du sport à l'université de Nantes

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